
Reflets.
Il y a des mots qui résonnent en moi. Cobalt, Outremer, Prusse, Indigo, Phtalocyanine, Turquoise.
Les bleus vibrent en moi.
Ces bleus sont le reflet de ce que j’imagine, de ce qui m’anime, de ce que je suis.
Mes pensées, tous les jours, divaguent au gré des paysages, de la lumière, dans l’association vivante des couleurs.
Pour moi tout est inspirant. Dans la palette de mes voyages, qu’ils soient physiques ou introspectifs, je suis toujours en recherche. Je mémorise des vues, des crépuscules, des photos, des lectures et des découvertes artistiques. Tout cela me nourrit et m’inspire.
J’ai besoin du calme de l’atelier, de promenade dans la nature, pour être en paix face à la vie trépidante et la réalité inconfortable du monde.
Au moment de peindre tout est clair, limpide. Le choix des couleurs presque hasardeux s’impose et l’aventure commence. Je peins avec l’énergie du jour dans une méditation active.
J’avance, je piétine, je recule, je cherche, et quelques fois un petit miracle m’abasourdit.
J’exprime par mes peintures, mon idée poétique de la vie.
Mes inquiétudes, mes doutes, mes colères face au monde, mon amour pour l’autre et l’espoir pour demain.
Cécile Windeck
Les paysages mouvants du ciel
Les paysages de Cécile Windeck se situent au confluent du figuratif et de l’abstrait, dans une vision personnelle et poétique du crépuscule. Les paysages mouvants du ciel capturés au moment du coucher du soleil donnent l’axe à un travail qui mène le spectateur vers l’infini.
A l’origine de chaque oeuvre de Cécile Windeck se trouve l’observation de la nature en privilégiant son aspect impermanent. C’est justement cette impermanence qui devient le défi principal de l’artiste. Comment saisir un spectacle fuyant de la lumière qui décline dans un mouvement lent et progressif ? Comment rendre pérenne ce qui est la définition même du changement ? Au début de son travail, l’artiste avait mise en place une méthode permettant de retranscrire « l’Heure bleu » par une documentation préalable (vidéo, photo, dessin), progressivement remplacé par un travail interne. Grâce à la mémoire, l’artiste, resitue le contraste des lumières et l’intensité de couleurs dans un geste qui découle de sa perception du présent. L’observation des crépuscules, des contrastes de lumières et l’intensité des tonalités
sont ensuite traduites en peinture. Le choix de couleurs est en étroite relation avec les émotions de l’artiste et avec le rythme des saisons. Le jeu de la création découle de la spontanéité et de l’instant présent ; l’impermanence de la vie se traduit par un geste coloré et les surprises picturales sont introduites par des interventions d’encre. Même si chaque toile se caractérise par une synergie propre des couleurs, nous pouvons remarquer la présence d’une couleur particulière qui semble être privilégié par l’artiste. Il s’agit d’un bleu aux tonalités turquoise qui apparait régulièrement dans son travail et qui peut être considéré comme une sorte de signature.
Les oeuvres de Cécile Windeck, grâce à son caractère contemplatif, deviennent un
prétexte pour nous mener vers l’insaisissable, pour nous mettre face à l’Absolu. Notre place face à l’Univers est déterminée par notre capacité à percevoir sa beauté et son instantanéité. A travers son « écriture individuelle », composée d’espaces dans un équilibre quasi musical, le travail de Cécile Windeck, nous retire du quotidien, en nous rappelant l’existence d’une autre perspective, celle qui est imprégnée de couleurs et des lumières.
« L’heure bleu » - le terme poétique pour désigner le moment entre le jour et la nuit où le ciel prend la couleur bleue très spécifique et plus profonde que le bleu du jour.
Magdalena Kruszynska
(Historienne d’Art)